Le juge canin - Entretien avec Lydie Estru
Je suis toujours curieux des motivations qui poussent un passionné à commencer à juger en expositions. J'ai donc demandé à Lydie Estru dont je respecte à la fois l'intégrité et l'amabilité sur les rings depuis de nombreuses années et que j'apprécie beaucoup en tant que personne, de répondre à quelques questions simples sur la fonction de juge. C'est donc sous la forme de cet entretien que nous allons essayer de mieux comprendre comment tout cela fonctionne :
Lydie, tu élèves des Terriers du Tibet avec pas mal de bonheur alors pourquoi avoir désiré devenir juge ? D’où vient cette envie ?
Question difficile ! J’ai toujours eu des chiens dans mon enfance, des chiens de chasse qui accompagnaient mon père à la chasse. J’ai connu le terrier du Tibet en 1980 et assisté à ma première exposition cette année-là. J’ai d’emblée aimé l’ambiance. Au-delà de la compagnie et la complicité magnifiques avec ce premier chien de race, l’aspect extérieur, l’esthétique étaient des éléments importants à mes yeux. Petit à petit, au fil de rencontres déterminantes pour ma vie cynophile, il s’est imposé que le travail du juge était tout à fait fascinant. Ces quelques instants consacrés à chaque chien m’apparaissaient comme un moment privilégié. Je ressens toujours ce sentiment lorsque je juge.
Quels sont les traits physiques que tu remarques en premier chez un chien lorsque tu dois le juger ?
La première question à se poser lorsque l’on juge est de savoir si le chien que l’on a en face de soi correspond bien à la race auquel il appartient. Dans tous les standards, le premier point reprenant l’aspect général est très important. On passe ensuite à l’expression. Un chien, fût-il d’exposition, doit être pétillant, vivant. L’harmonie de la tête est importante, chaque race a une forme de crâne, d’yeux, etc spécifiques. On passe ensuite à la construction générale puis au mouvement qui là aussi est spécifique à chaque race.
Un excellent chien aura le maximum de points positifs. Un chien sublime aura le petit plus qui fait que l’on passe sur un défaut car tout le reste est tellement beau !
Ce qu’il faut savoir c’est qu’un chien parfait n’existe pas ! Chaque juge au fil de son expérience, se forge une image idéale des races qu’il juge. C’est ce qui fait la richesse des expositions.
Est-il plus difficile de départager deux chiens d’excellente qualité ou deux chiens qui présentent des défauts très différents ?
Définitivement, juger des beaux chiens est plus simple ! Même si c’est un crève-cœur d’avoir à choisir un gagnant ! Ensuite, lorsque j’ai une classe de chiens où je ne trouve pas ce que je cherche, je classe en fonction de ce qui est pour moi le moins préjudiciable à la race. Il m’arrive de ne pas donner de CACS parce que les chiens en présence ne m’apparaissent pas le mériter.
Tu as jugé les King Charles Spaniels au Championnat du Monde de Paris en 2011. Etait-ce un bon souvenir ?
C’est un merveilleux souvenir. J’avais peur de ne pas trouver l’image idéale du king que j’ai en tête. J’aime cette race depuis près de trente ans et est assistée à la presque totalité des nationales cavaliers/ kings depuis 1985. J’y ai même présenté des kings !!!
Alors cette mondiale était une fête pour moi et un immense honneur dont j’espérais être digne. Lorsque j’ai choisi mes meilleurs, j’étais ravie car ces têtes représentaient ce que j’aime. J’ai regretté certaines présentations qui ont desservi certains chiens, mais présenter un king n’est pas toujours simple.
As-tu eu d’autres expériences vraiment marquantes ? Si oui lesquelles ?
Chaque fois que je juge est un grand plaisir pour moi. Un souvenir marquant le jugement de la nationale des papillons phalènes avec 99 chiens à départager. Juger une Nationale d’élevage est toujours un plaisir.
Quels conseils pourrais-tu donner à ceux qui aimeraient devenir juges ?
Difficile de répondre à cette question !
Rester humble, agréable, souriant…
Respecter les exposants et les chiens
Se faire respecter
Prendre du plaisir en jugeant !!!